[POTE CAST'] Coucou Les Loulous, aujourd'hui, découvrons Emmanuel
Trédez ! Un homme qui a gardé son âme d'enfant et qui nous
fait déguster les jeux de mots !
Emmanuel,
passons aux choses sérieuses ! Nous avons tous eu la chance de
découvrir une brève biographie de toi sur la page de la librairie
libellule et au salon Beaupuy se livre, mais moi je veux en savoir
plus !
***Quelle
est ta bibliographie ?
Cela
fait un peu plus de vingt ans qu’est paru mon premier livre pour
enfants. Depuis, j’ai publié environ quatre-vingts ouvrages, pour
l’essentiel de la fiction : albums, premières lectures,
romans… Je suis entre autres l’auteur des séries Mes premières
enquêtes (Auzou) et En avant foot (Nathan), des romans Qui veut le
cœur d’Artie show ? et La carotte se prend le chou (Nathan),
Ali Blabla et Double 6 (Didier jeunesse), des albums Couleur colère
(Flammarion) et Le portrait du lapin (Didier jeunesse). J’ai
également publié une dizaine de documentaires pour Flammarion,
Fleurus, Gallimard…
J’écris
surtout des livres pour les enfants – mes livres s’adressent
aux écoliers et aux collégiens –, mais j’ai sorti aussi
deux recueils de textes humoristiques pour adultes au Castor astral.
***Quel
genre de personne es-tu dans la vie ?
Sauf
avis contraire, je suis plutôt facile à vivre, ouvert, fiable, je
sais m’adapter, mais je suis aussi angoissé, susceptible,
impatient !
En
plus de l’écriture, je consacre pas mal de temps à la musique (je
joue de l’alto dans un quatuor à cordes), au sport (tennis de
table, natation), à la lecture, au cinéma, au théâtre… J’ai
des goûts assez éclectiques.
***Quel
auteur es-tu ?
Je
suis un touche-à-tout : j’écris pour toutes les tranches
d’âge, j’aime varier les formes, les genres, les thèmes, les
formats… Je me vois plutôt comme un auteur « humoristique »
et j’aime particulièrement jouer avec les mots.
***Pourquoi
écris-tu ? Qu’est-ce qui t’a motivé à le faire ?
J’ai
toujours aimé écrire et toujours joué avec les mots, avec les
lettres…
Selon
la petite Mehreen, rencontrée dans une classe de Saint-Martin
d’Hères, « Emmanuel Trédez est super balèze avec la langue
française » !
Sans
doute René Goscinny, quand j’étais enfant, Raymond Devos, dans
mon adolescence, et Georges Perec, un peu plus tard, m’ont-ils
donné le goût des jeux de langue.
Les
uns m’apprécient pour ça, les autres regrettent parfois que
certains de mes textes s’apparentent trop à des exercices de
style.
***Et
quel genre écris-tu ? Pourquoi avoir choisi ce genre plutôt
qu’un autre ?
Je
ne veux pas m’enfermer dans un genre. Mais force est de constater
que j’ai écrit pas mal de « petits polars ». Sans
doute parce que j’ai lu et lis encore beaucoup de romans policiers.
Une autre raison est le succès de la série Mes premières enquêtes
(douze tomes déjà parus, chez Auzou) que je dois alimenter
régulièrement en nouveautés (environ deux titres par an depuis
2016).
Mes
« polars » sont assez atypiques : ils sont en partie
fondés sur des jeux de lettres (Mes premières enquêtes, Mes
enquêtes à l’école des détectives) ou des jeux de mots (La
carotte se prend le chou, Le hibou n’est pas manchot, Le cachalot
nage dans le potage, L’araignée est une fine mouche, Le macaron
est sur les dents, Morsures en série…).
Une
enquête est également au centre de Qui veut le cœur d’Artie
Show ? (quatre journalistes en herbe enquêtent pour découvrir
l’identité du « serial lover » qui sévit au collège)
et de Double 6 (deux policiers interrogent des élèves de quatrième
après la disparition de leur copain Hadrien pour retrouver sa trace
au plus vite)…
***Comment
te vient l’inspiration ?
Comme
l’amour, ça s’en va et ça revient…
Pour
faire venir l’inspiration, rien de tel que des contraintes
d’écriture !
Parfois,
je saisis au vol l’idée qu’un éditeur m’a lancée :
« écrire un roman pour les 9 -12 ans qui mêlerait différentes
formes littéraires » (ce sera Qui veut le cœur d’Artie
Show ?, chez Nathan) ; « écrire un album pour faire
découvrir la politesse aux plus jeunes » (ce sera La fée
Polly Tess et le chevalier qui ne connaissait pas les mots magiques,
chez Larousse) ; plus récemment, « écrire un roman de
200 000 signes mettant en scène une adolescente de seconde qui
reçoit un mail d’amour anonyme fourni par l’éditeur » (ce
sera Emma, dans la collection Love in box, chez Fleurus).
Souvent,
c’est moi qui m’impose des contraintes d’écriture : pour
le plaisir de jouer avec la langue comme dans ce texte presque
uniquement constitué d’anaphrases (association d’anagrammes dans
une phrase), paru dans une version simplifiée (Les histoires de
l’âne Graham, chez Milan) ou dans ce petit roman où un grand
nombre de mots du texte (« narquois », « coiffeuse »,
« coalition », « quadrilatère »…) évoquent
par leur sonorité le COAssement des grenouilles (On n’est pas des
mauviettes, côa !, chez Talents hauts).
Il
m’arrive aussi de partir d’un jeu de mots : « Le
homard m’a tuer » – une allusion à l’affaire Omar Haddad
– m’a donné l’idée d’écrire un polar parodique dont tous
les personnages seraient des animaux marins : ce sera Le
cachalot nage dans le potage, chez Nathan. Et « Ali Blabla »
m’a non seulement fourni le titre de mon roman, mais aussi
l’univers, le ton du récit et un des principaux traits de
caractère de mon héros…
***Comment
choisis-tu le titre de tes livres ?
Les
titres de mes cinq « polars parodiques » sont des jeux de
mots. Normal, c’est la matière de ces livres : Le hibou
n’est pas manchot, L’araignée est une fine mouche, Le macaron
est sur les dents, Le cachalot nage dans le potage, La carotte se
prend le chou…
C’est
le cas aussi d’Ali Blabla, Hercule, attention travaux, Qui veut le
cœur d’Artie Show ?, Un fantôme dans de beaux draps…
Il
arrive que l’éditeur ne retienne pas mon titre. Par exemple, Les
Dents de la ferme (une enquête policière dans une ferme pédagogique
et une allusion au film, Les Dents de la mer) n’a pas été retenu
par Nathan qui craignait que mon titre ne soit pas assez explicite.
Mais j’aime bien aussi le titre sous lequel il est finalement
paru : Morsures en série.
***Quel
est ou quels sont le(s) but(s) de tes livres ?
Je
n’ai pas particulièrement de messages à faire passer dans mes
livres – ou alors, entre les lignes –, mais j’aime faire rire
(je joue avec les mots, je crée des quiproquos), surprendre (d’où
mon goût pour les enquêtes), faire découvrir (un point commun avec
mon métier d’éditeur), faire rêver aussi.
***Qu’est-ce
qui te fascine le plus dans l’écriture ?
La
richesse de la langue, les émotions que l’on peut susciter chez un
lecteur…
***Pour
toi, tes livres sont destinés à quel(s) public(s) ?
J’écris
surtout pour les enfants de primaire et de collège.
C’est
difficile de dire précisément à quelle tranche d’âge ils
s’adressent : cela dépend tellement des capacités de lecture
de chaque enfant…
Le
plus souvent, dans mes livres, il y a plusieurs niveaux de lecture.
Ainsi,
on peut lire mes polars parodiques dès le CE2 ou le CM1 (pour les
bons lecteurs) : on appréciera les enquêtes loufoques, les
personnages insolites… Mais ce n’est qu’en CM2 ou en sixième
(peut-être même plus tard encore !) qu’on pourra comprendre
les références ou les jeux de mots. C’est comme pour Astérix :
on en découvre à chaque relecture ! C’est pour ça que mes
polars parodiques sont appréciés à la fois par les enfants et par
les adultes (pour peu qu’ils ne soient pas allergiques aux jeux de
mots).
Même
quand j’écris des albums pour les plus jeunes, je pense aux
parents qui font la lecture à leurs enfants, et j’essaye de faire
en sorte qu’ils y trouvent leur compte, eux aussi. Je pense en
particulier au Portrait du lapin, chez Didier jeunesse.
***Quels
sont les aspects humains que tu considères comme les plus importants
quand tu rencontres ton lectorat ?
Quand
je vais rencontrer mes jeunes lecteurs dans les classes, je suis
heureux de contribuer à cette mission essentielle que partagent les
acteurs du livre (auteurs, éditeurs, enseignants,
bibliothécaires…) : donner aux élèves le goût de la
lecture.
Si
en plus, mon passage dans une classe peut aussi leur donner envie
d’écrire…
Mais
je ne suis pas sûr d’avoir répondu à la question !
***Et
toi, quel genre de lecteur es-tu ?
Je
ne suis pas un gros lecteur : je lis une vingtaine de livres par
an (sans compter les BD), une trentaine en 2020, année confinée,
mais la lecture compte beaucoup pour moi. Je lis surtout des romans,
avec une prédilection pour les romans policiers, des albums de
bandes dessinées, plus rarement des essais. En jeunesse, je lis
surtout les livres de certains de mes amis auteurs.
***Que
nous conseillerais-tu de lire ?
Je
suis très admiratif de l’œuvre de Pierre Lemaître, un écrivain
qui porte bien son nom. Bien sûr, on n’a pas attendu mes conseils
pour se jeter sur ses livres !
Je
l’ai découvert avec Au revoir là-haut, le Goncourt 2013. J’ai
ensuite dévoré ses romans policiers (notamment sa série Verhœven)
et je l’ai retrouvé avec un immense plaisir dans Couleurs de
l’incendie. Le troisième tome de cette trilogie m’attend :
Miroir de nos peines !
***Qu’est-ce
qui t’a le plus marqué dans ta vie d’auteur ?
Il
y aurait beaucoup de choses à dire ! Dans la vie d’un auteur,
les occasions ne manquent pas de connaître de grandes joies, des
petits bonheurs, des moments de fierté, mais aussi des frustrations,
des déceptions, des moments de colère …
Après
avoir publié plus de quatre-vingts livres, je continue à considérer
la publication d’un livre comme un parcours du combattant.
Qu’est-ce qui fait qu’un éditeur accepte ou refuse un
manuscrit ? Ça ne tient pas à grand-chose parfois !
Pour
moi, c’est un des aspects les plus difficiles de la vie d’auteur.
Mais je n’ai pas trop à me plaindre, la chance m’a souri plus
d’une fois !
***Enfin,
si tu avais une baguette magique qui te permet de te faire écouter
du monde entier pendant 10 secondes, quel serait ton message ?
Euuuuuuuh…
Quoi,
c’est déjà fini ? Mais je n’ai encore rien dit !
Dommage
parce que ce n’est pas facile d’être reconnu en tant qu’auteur
ou de voir un de ses livres sortir du lot. Il y a tellement d’auteurs
talentueux et de livres dignes d’intérêt. Mais il faut
croire en sa bonne étoile !
Merci,
beaucoup Emmanuel pour tes confidences !
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