[POTE
CAST'] Coucou Les Loulous, aujourd'hui je vous fais découvrir
Francette Ollier-Blanc ! Une femme épatante, une mamie
flingueuse pleine d'humour et adorable !
Francette, passons
aux choses sérieuses ! Nous avons tous eu la chance de
découvrir une brève biographie de toi sur la page de la librairie
libellule et de te voir au salon Beaupuy se livre, mais moi je veux
en savoir plus !
***Présente-nous
ta bibliothèque !
Multiple !!
Polars, souvent, surtout français et nordiques. Essais. Romans de
toutes catégories (sauf science-fiction et romance, (bien que, quand
ça me prend, pour voir …)). Je croule sous les livres que je ne
sais plus où ranger chez moi … J’en achète quelques neufs mais
beaucoup d’occasion, et je suis abonnée à la bibliothèque de mon
village où je peux me servir sans limites …
***Quel
genre de personne es-tu dans la vie ?
D’une
grande sagesse…mais qui m’est venue avec l’âge … Prendre
désormais les choses avec philosophie et toujours en positif… Bien
vivre le temps qu’il me reste …
***Quelle
auteure es-tu ?
Une
dame qui ne voit pas le temps passer devant son clavier. Je n’aurais
jamais cru y trouver tant de pur plaisir.
***Pourquoi
écris-tu ? Qu’est-ce qui t’a motivé à le faire ?
J’écris
parce c’est l’air que je respire. Ma manière de parler avec le
monde. Mon père (autodidacte fou de lecture) écrivait déjà, et
j’ai baigné sans effort dans les mots depuis le jour de ma
naissance. Ne pas pouvoir écrire occasionnerait un manque énorme,
voire un handicap.
***Et
quel genre écris-tu ? Pourquoi avoir choisi ce genre plutôt
qu’un autre ?
J’écris
des histoires dans lesquelles il faut tirer un fil jusqu’à la
chute finale, de préférence imprévisible. Donc plutôt des
enquêtes policières, mais aussi des romans où le personnage est en
quête de quelque chose. J’aime à inventer des histoires sans
savoir comment elles finiront, cela me donne beaucoup de coupes et de
fausses pistes que je rectifie en relisant mille fois, mais je ne
sais pas travailler autrement.
***Comment
te vient l’inspiration ?
Causes
multiples. Soit une histoire vécue que j’ai bien connue, soit
plutôt une étincelle un jour, à partir d’un décor que j’ai
aimé et où j’ai eu envie de placer des personnages. Mais
l’inspiration s’alimente au fur et à mesure que le livre avance,
on part d’un détail souvent minime (une simple phrase parfois) et
petit à petit les images arrivent, souvent faites de mes souvenirs …
***Comment
choisis-tu le titre de tes livres ?
Hou !!!
J’en « ressens » une bonne dizaine tout au long de mon
écriture …je les note …le choix se fait à la fin et après avis
de mes correcteurs éventuels. Parfois je regrette, après …Ils
doivent présenter des critères spéciaux, harmonie des mots,
sonorité, brièveté, parler du livre sans rien dévoiler …etc
…pas toujours facile.
***Quel
est ou quels sont le(s) but(s) de tes livres ?
Une
histoire pour parler aux autres. Donc aux lecteurs. D’abord leur
« offrir » ma parole, mon récit, puis attendre les leurs
en retour, c'est-à-dire construire un échange. Comme tendre la
main. Comme si nous allions parler dans la même langue, et en être
heureux.
Ce
n’est pas une formule de courtoisie. C’est une nécessité.
***Qu’est-ce
qui te fascine le plus dans l’écriture ?
L’addiction
aux mots … je peux passer des heures à remanier un paragraphe,
travailler une phrase, chercher des synonymes … sans me lasser.
***Pour
toi, tes livres sont destinés à quel(s) public(s) ?
Public
adulte, tranquille, un brin exigeant, sans trop de « perturbations
hormonales » (ni trop ado ni trop speedé…) Des gens qui ont
envie d’arriver à la dernière page sans avoir perdu leur temps,
avec le sentiment d’avoir passé un moment agréable…
***Quels
sont les aspects humains que tu considères comme les plus importants
quand tu rencontres ton lectorat ?
Quelque
chose qui nous unit au moment de l’échange, de l’ordre de
l’empathie, genre gâteau partagé… « Écrire, c’est se
coucher soi-même sur le papier » (ce n’est pas de moi …).
Quand j’écris je me « donne à voir ».
Ces
rencontres par livre interposé déclenchent souvent chez les gens un
besoin de s’ouvrir à l’autre. Ils « donnent à voir »
un morceau d’eux-mêmes. La dimension psychanalytique dont usent
certains lecteurs, si elle est parfois lourde à écouter, je la vis
comme un cadeau. Je rentre des divers salons fatiguée physiquement,
mais toujours sur un petit nuage …
***Et
toi, quel genre de lectrice es-tu ?
J’ouvre
beaucoup de livres. J’en lis à fond 1 sur 5 environ. Si je
n’accroche pas avant la page 10, je renonce. Par contre, certains,
je peux les relire (tout ou partie) à la demande. Je déteste les
entrées de livres qui traînent. Je déteste le m’as-tu-vuisme,
les clichés, l’écriture facile, le parisianisme… Je déteste
les auteurs qui écrivent plus pour eux que pour le lecteur. J’ai
renoncé aux auteurs commerciaux…Je n’aime ni Musso ni Aurélie
Valogne ni Virginie Grimaldi…etc (la liste est longue). C’est
l’histoire du miroir devant lequel tu te maquilles. Écrire ce que
le vulgum pécus attend, lui re-sucer sous une autre forme ce qu’il
respire tous les jours, j’appelle ça de l’arnaque à la lecture.
Ne rien apporter à un lecteur que son propre reflet (même arrangé)
est la pire des insultes qu’on puisse lui faire. Lire, c’est
sortir de son monde connu (aujourd’hui on dit zone de confort).
Lire, c’est apprendre quelque chose, aussi peu que ce soit, un mot
nouveau, le parfum d’une époque, un site à visiter… Car
apprendre c’est du même niveau que manger ou boire :
indispensable à la survie de l’homme.
***Que
nous conseillerais-tu de lire ?
Je
conseille de goûter à tous les plats, on ne sait jamais par avance.
Le plaisir d’un mauvais bouquin existe, parce qu’il a chatouillé
en nous quelque chose de régressif. Mais en règle générale, il
faut juste éviter de récidiver. Je conseille tout ce qui est bien
écrit. Classique ou moderne. Les grandes œuvres se relisent avec
plaisir. S’imprégner de belle écriture, c’est ensuite pouvoir
mettre en mots n’importe quelle histoire. En ce moment je me régale
de Sylvain Tesson, par exemple, et j’ai Michel Serres sur ma table
de nuit. Emmanuel Carrère aussi … Tous ces gens ont une grande
force d’écriture, que l’on ressent et qui marque.
Une
œuvre qui franchit le temps et les modes apportera forcément
quelque chose. Il n’y a pas de honte à relire Camus, ou, « les
hauts de Hurlevent », « le portrait de Dorian
gray », « le voyage au bout de la nuit »…
Attention
aux prix littéraires … des pièges parfois. Souvent commerciaux,
maintenant. Qui s’éteignent d’eux-mêmes, et c’est heureux.
Plus on lit, mieux on sait choisir ses lectures...
***Qu’est-ce
qui t’as le plus marqué dans ta vie d’auteure ?
La
surprise de me découvrir capable d’écrire 300 pages qui se
tiennent … De savoir mieux lire les écrits des autres … De lire
le plaisir dans les yeux des gens … D’inspirer du respect à
certains … De ne compter que pour du beurre aux yeux de certains
éditeurs …
***Enfin,
si tu avais une baguette magique qui te permet de te faire écouter
du monde entier pendant 10 secondes, quel serait ton message ?
Écrivez,
si l’idée vous effleure ! Écrivez ! N’importe quoi,
n’importe comment, même peu, même mal, mais sortez de vos tripes
tout ce qui vous vient ! Lâchez les freins, libérez-vous, au
plus profond de vous!
Vous
mettrez en forme après. Vous aurez tout le temps. C’est après que
vous saurez jeter l’inutile, le superflu, le vain… Ce qu’il en
restera, ce sera VOUS, grandi et serein. Vous pourrez alors l’offrir
au monde et le partager avec lui.
Un énorme merci ma chère Francette pour ces confidences 💝
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